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samedi 10 janvier 2015

Les Mégots abandonnés dans l'espace public

Les mégots : une dangereuse pollution.
Les cigarettes sont nocives pour la santé. Elles le sont aussi pour la planète. Chaque année, 72 milliards de mégots sont disséminés dans la nature. Or, ce sont des déchets non biodégradables qui polluent les villes, la flore et la faune, en particulier le milieu marin. Différentes solutions pour réduire leur impact sur l’environnement ont été proposées, sans grands résultats. Sensibiliser les fumeurs à cette pollution semble être le meilleur moyen.

Mégots : une pollution urbaine et environnementale
Les filtres des cigarettes ont été ajoutés à celles-ci dans les années 1950 afin de réduire le taux de goudron et de nicotine dans les cigarettes. Le message de l’époque de l’industrie du tabac ? Les cigarettes avec filtre sont moins dangereuses pour la santé. Au final, cela s’est révélé totalement faux. Tout d’abord parce que les fumeurs ont changé leur façon de fumer en aspirant des bouffées plus fréquentes et plus profondes. Ensuite parce qu’il s’avère que les fibres de plastique (souvent de l’acétate de cellulose) dont sont constitués ces filtres sont dangereuses pour la santé : des fragments sont en effet inhalés et ont pu être retrouvés dans les poumons de personnes souffrant d’un cancer pulmonaire. En outre, ces filtres qui se retrouvent dans la nature constituent une grave pollution. On estime en que 845 000 tonnes de mégots terminent en détritus chaque année. Aux Etats-Unis, les mégots représentent entre 28% et 33% du total des déchets ramassés. Contrairement à ce que pensent de nombreux fumeurs qui trouvent complètement normal de jeter n’importe où leurs mégots, ces derniers ne sont pas biodégradables. Ils sont juste photodégradables et la matière première ne disparaît pas complètement : elle se dilue au contact de l’eau ou du sol. Les mégots envahissent les villes, où les jeunes enfants et les animaux domestiques peuvent les ingérer. Et la nicotine qu’ils contiennent est toxique et peut entraîner des vomissements. Les mégots terminent souvent leur vie dans les océans, du fait du parcours des égouts - ils représentent ainsi 40 % des déchets présents dans la mer Méditerranée -, polluant les eaux. En effet, ces filtres ont absorbé une partie des 4000 substances nocives présentes dans la cigarette, dont la nicotine, l’éthylphénol, des résidus de pesticides, des métaux lourds, des gaz toxiques tels que l'ammoniaque et l'acide cyanhydrique…Autant de substances qui se retrouvent dans l’eau et menacent la faune et la flore.  Une étude récente a montré qu’un seul mégot contenait suffisamment de poison pour tuer la moitié des petits poissons mis dans un litre d’eau en seulement 96 heures. De plus, les animaux marins peuvent ingérer les mégots, ce qui peut entraîner leur mort ou en tout cas provoquer un faux sentiment de satiété –les animaux ne régurgitent pas forcément ce type d’élément- et donc une sous-nutrition.

Mégots : les solutions proposées par l’industrie du tabac
Pour réduire l’impact environnemental des mégots, plusieurs solutions ont été envisagées par l’industrie du tabac, qui craignait qu’on l’oblige à terme à prendre en charge (au moins en partie) le coût du ramassage et de l’élimination des mégots. Première idée des industriels du tabac ? Créer des filtres biodégradables, en remplaçant l’acétate de cellulose par un autre composé. Les essais menés jusqu’à présent n’ont pas été concluants. En outre, ces filtres biodégradables inciteraient les fumeurs à jeter leurs mégots ! Deuxième idée des fabricants de tabac : la distribution de cendriers portables et l’installation de cendriers permanents dans les villes. En effet, pour expliquer leur comportement, les fumeurs mettent en avant le fait qu’il n’y a pas assez de cendriers en extérieur. Cela n’a pas non plus réglé le problème car jeter son mégot par terre est un réflexe pour la plupart des fumeurs. Des entreprises ont fait des essais d’installation de cendriers à l’extérieur : elles ont constaté que plus de mégots étaient jetés en dehors des cendriers que dedans ! Enfouir son mégot dans le sol reste une habitude bien ancrée…Les  industriels ont donc tenté d’éduquer les fumeurs en mettant en place des campagnes et ont soutenu des associations de nettoyage des rues. Philipp Morris s’est ainsi associé à la campagne Keep America Beautiful pour inciter les fumeurs à jeter leurs mégots dans des endroits appropriés. Le bilan ? Le message est difficile à faire passer, les fumeurs acceptant difficilement ce nouveau reproche. Les autorités tentent également de réduire cette pollution. Aux Etats Unis, des municipalités comme San Diego ont interdit de fumer sur les plages. Cela a permet de faire baisser le nombre de mégots abandonnés sur les plages mais pas de régler le problème en entier.

Mégots : comment réduire vraiment l’impact environnemental ?
Plusieurs options sont envisageables pour réduire l’impact environnemental des mégots. Première idée ? Mettre des messages sur les paquets de cigarette expliquant que les filtres sont toxiques et non biodégradables. Deuxième option : un système de consignes sur les mégots de cigarettes, identique à celui qui avait mis en place dans les années 1970 pour éviter que les bouteilles soient jetées n’importe où. Autre solution envisagée : des amendes pour les fumeurs jetant leurs mégots sur la voie publique. Celles-ci permettraient de compenser le coût de nettoyage des mégots. On pourrait aussi envisager de taxer les cigarettes comme produit polluant, au même titre que les ordinateurs et téléphones, ces taxes servant à financer le coût du recyclage de ces produits. La ville de San Francisco a déjà imposé une « taxe de détritus » de 0,20$ par paquet vendu dans la ville.  Dans le même ordre d’idées, on pourrait imaginer de faire payer aux industriels du tabac le coût de traitement –ramassage et élimination- de ces déchets. Les associations de lutte anti-tabac pourraient pour cela s’associer à des groupes de protection de l’environnement et proposer des mesures pour rendre l’industrie du tabac légalement responsable de la pollution due aux mégots. Dernière option, la plus radicale : interdire la vente de filtres de cigarette. Des études doivent être réalisées afin de savoir si cela pourrait être utile.
La meilleure solution semble quand même être la sensibilisation des fumeurs à cette pollution. Reste à trouver le bon ton pour les convaincre. Des campagnes de sensibilisation en Australie ont montré qu’en sollicitant les fumeurs sans les culpabiliser, on obtenait des résultats !
http://www.stop-tabac.ch/fra/autour-du-tabac/dechets-du-tabac.html

1 commentaire:

  1. Faire prendre en charge le ramassage et le traitement des mégots par l'industrie du tabac en attendant qu'elle trouve des solutions ?

    Un système de consignes sur les mégots de cigarettes au lieu d'une "taxe détritus" qui dédouane la responsabilité et au lieu des cendriers qui augmentent la production de mobiliers urbains

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