Les mégots : une dangereuse pollution.
Les cigarettes
sont nocives pour la santé. Elles le sont aussi pour la planète. Chaque
année, 72 milliards de mégots sont disséminés dans la nature. Or, ce
sont des déchets non biodégradables qui polluent les villes, la flore
et la faune, en particulier le milieu marin. Différentes solutions pour
réduire leur impact sur l’environnement ont été proposées, sans grands
résultats. Sensibiliser les fumeurs à cette pollution semble être le
meilleur moyen.
Mégots : une pollution urbaine et environnementale
Les
filtres des cigarettes ont été ajoutés à celles-ci dans les années
1950 afin de réduire le taux de goudron et de nicotine dans les
cigarettes. Le message de l’époque de l’industrie du tabac ? Les
cigarettes avec filtre sont moins dangereuses pour la santé. Au final,
cela s’est révélé totalement faux. Tout d’abord parce que les fumeurs
ont changé leur façon de fumer en aspirant des bouffées plus fréquentes
et plus profondes. Ensuite parce qu’il s’avère que les fibres de
plastique (souvent de l’acétate de cellulose) dont sont constitués ces
filtres sont dangereuses pour la santé : des fragments sont en effet
inhalés et ont pu être retrouvés dans les poumons de personnes souffrant
d’un cancer pulmonaire. En outre, ces filtres qui se retrouvent dans
la nature constituent une grave pollution. On estime en que 845 000
tonnes de mégots terminent en détritus chaque année. Aux Etats-Unis,
les mégots représentent entre 28% et 33% du total des déchets ramassés.
Contrairement à ce que pensent de nombreux fumeurs qui trouvent
complètement normal de jeter n’importe où leurs mégots, ces derniers ne
sont pas biodégradables. Ils sont juste photodégradables et la matière
première ne disparaît pas complètement : elle se dilue au contact de
l’eau ou du sol. Les mégots envahissent les villes, où les jeunes
enfants et les animaux domestiques peuvent les ingérer. Et la nicotine
qu’ils contiennent est toxique et peut entraîner des vomissements. Les
mégots terminent souvent leur vie dans les océans, du fait du parcours
des égouts - ils représentent ainsi 40 % des déchets présents dans la
mer Méditerranée -, polluant les eaux. En effet, ces filtres ont absorbé
une partie des 4000 substances nocives présentes dans la cigarette,
dont la nicotine, l’éthylphénol, des résidus de pesticides, des métaux
lourds, des gaz toxiques tels que l'ammoniaque et l'acide
cyanhydrique…Autant de substances qui se retrouvent dans l’eau et
menacent la faune et la flore. Une étude récente a montré qu’un seul
mégot contenait suffisamment de poison pour tuer la moitié des petits
poissons mis dans un litre d’eau en seulement 96 heures. De plus, les
animaux marins peuvent ingérer les mégots, ce qui peut entraîner leur
mort ou en tout cas provoquer un faux sentiment de satiété –les animaux
ne régurgitent pas forcément ce type d’élément- et donc une
sous-nutrition.
Mégots : les solutions proposées par l’industrie du tabac
Pour
réduire l’impact environnemental des mégots, plusieurs solutions ont
été envisagées par l’industrie du tabac, qui craignait qu’on l’oblige à
terme à prendre en charge (au moins en partie) le coût du ramassage et
de l’élimination des mégots. Première idée des industriels du tabac ?
Créer des filtres biodégradables, en remplaçant l’acétate de cellulose
par un autre composé. Les essais menés jusqu’à présent n’ont pas été
concluants. En outre, ces filtres biodégradables inciteraient les
fumeurs à jeter leurs mégots ! Deuxième idée des fabricants de tabac :
la distribution de cendriers portables et l’installation de cendriers
permanents dans les villes. En effet, pour expliquer leur comportement,
les fumeurs mettent en avant le fait qu’il n’y a pas assez de
cendriers en extérieur. Cela n’a pas non plus réglé le problème car
jeter son mégot par terre est un réflexe pour la plupart des fumeurs.
Des entreprises ont fait des essais d’installation de cendriers à
l’extérieur : elles ont constaté que plus de mégots étaient jetés en
dehors des cendriers que dedans ! Enfouir son mégot dans le sol reste
une habitude bien ancrée…Les industriels ont donc tenté d’éduquer les
fumeurs en mettant en place des campagnes et ont soutenu des
associations de nettoyage des rues. Philipp Morris s’est ainsi associé à
la campagne Keep America Beautiful pour inciter les fumeurs à jeter
leurs mégots dans des endroits appropriés. Le bilan ? Le message est
difficile à faire passer, les fumeurs acceptant difficilement ce nouveau
reproche. Les autorités tentent également de réduire cette pollution.
Aux Etats Unis, des municipalités comme San Diego ont interdit de fumer
sur les plages. Cela a permet de faire baisser le nombre de mégots
abandonnés sur les plages mais pas de régler le problème en entier.
Mégots : comment réduire vraiment l’impact environnemental ?
Plusieurs
options sont envisageables pour réduire l’impact environnemental des
mégots. Première idée ? Mettre des messages sur les paquets de
cigarette expliquant que les filtres sont toxiques et non
biodégradables. Deuxième option : un système de consignes sur les mégots
de cigarettes, identique à celui qui avait mis en place dans les
années 1970 pour éviter que les bouteilles soient jetées n’importe où.
Autre solution envisagée : des amendes pour les fumeurs jetant leurs
mégots sur la voie publique. Celles-ci permettraient de compenser le
coût de nettoyage des mégots. On pourrait aussi envisager de taxer les
cigarettes comme produit polluant, au même titre que les ordinateurs et
téléphones, ces taxes servant à financer le coût du recyclage de ces
produits. La ville de San Francisco a déjà imposé une « taxe de
détritus » de 0,20$ par paquet vendu dans la ville. Dans le même ordre
d’idées, on pourrait imaginer de faire payer aux industriels du tabac
le coût de traitement –ramassage et élimination- de ces déchets. Les
associations de lutte anti-tabac pourraient pour cela s’associer à des
groupes de protection de l’environnement et proposer des mesures pour
rendre l’industrie du tabac légalement responsable de la pollution due
aux mégots. Dernière option, la plus radicale : interdire la vente de
filtres de cigarette. Des études doivent être réalisées afin de savoir
si cela pourrait être utile.
La meilleure solution semble quand même
être la sensibilisation des fumeurs à cette pollution. Reste à trouver
le bon ton pour les convaincre. Des campagnes de sensibilisation en
Australie ont montré qu’en sollicitant les fumeurs sans les
culpabiliser, on obtenait des résultats !
http://www.stop-tabac.ch/fra/autour-du-tabac/dechets-du-tabac.html
Faire prendre en charge le ramassage et le traitement des mégots par l'industrie du tabac en attendant qu'elle trouve des solutions ?
RépondreSupprimerUn système de consignes sur les mégots de cigarettes au lieu d'une "taxe détritus" qui dédouane la responsabilité et au lieu des cendriers qui augmentent la production de mobiliers urbains